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  • Asriel savait. Il contemplait fébrilement son ami, allongé et emmitouflé sous les couvertures de son lit. Les forces de l'enfant se fanaient petit à petit. Et il savait. Il était au courant, connaissait le plan et la marche à suivre ; mais il n'était plus véritablement résolu à aller jusqu'au bout et il était terrifié. Il ne voulait pas sacrifier la vie de Chara même si c'était pour libérer les monstres de l'Outremonde. Il ne se sentait pas capable d'accomplir la tache que lui avait confié son frère de cœur. Il désirait tout simplement pouvoir continuer de jouer avec l'humain. Il était découragé et anéanti. Le jeune prince voulait voir son ami, du chocolat en bouche et jardinant avec le roi Asgore. Chara n'avait pas le droit de mourir. Il ne pouvait pas s'éteindre, pas après tous ce qu'ils avaient vécu ensemble ! Le petit chevreau était incapable de continuer sur cette voie-là. Il n'en avait plus envie. De lourdes et grosses larmes dévalant ses joues couvertes de poils blancs. Il avait juré qu'il ne pleurerait pas mais c'était tout simplement impossible, c'était plus fort que lui. Avec une difficulté atrocement visible, l'humain déposa avec une incroyable douceur sa main tremblante sur la joue de son ami.

     

    <<Hey. Petit pleurnichard... On avait dit quoi ?>> Sourit faiblement l'enfant.

     

    Asriel fut pris d'un léger sursaut, dévisageant son meilleur ami et frère quasi-jumeau. Les lèvres tremblantes, les yeux troublés par l'humide tristesse, il serrait la main de Chara en sanglotant. Baissant son regard brillant de maussades étoiles, il lui répondit d'une voix déformée par le chagrin.

     

    <<Chara... C'est plus drôle. Je veux pas continuer...>>

     

    <<Petit fragile... C'est notre devoir en tant qu'héritiers du trône de libérer le royaume de sa misère, non ?>>

     

    Tandis que le jeune enfant s'apprêtait à poursuivre, il fut interrompu par une violente toux. Si agressive que l'humain avait crachoté de petites gouttes de sang. S'étant redressé pour faire face à son ami Asriel, il se sentit obligé de se rallonger sur l'oreiller qui soutenait son crâne piqué de douleur et de vertiges.

     

    <<Asriel. Peux-tu me promettre que...>> Commença-t-il péniblement d'une voix rauque.

     

    <<JE VEUX PAS TE VOIR MOURIR, IMBÉCILE ! Je ne pourrais pas vivre sans toi et tes blagues ou même ton sourire...>> Sanglotait le chevreau.

     

    <<Tu déposeras mon corps sur un beau lit de fleurs dorées, hein ?>>

     

    La main de Chara semblait doucement défaire son emprise sur la joue du jeune prince tandis que les paupières de l'enfant luttaient pour ne pas se clore. Un dernier sourire. Le bras du petit humain se laissa tomber subitement sur le matelas. Son visage semblait paisible comme s'il venait de s'endormir. C'est à ce moment, après de longues et silencieuses minutes qu'Asriel se rendit compte de ce qui venait de se produire. Chara venait de succomber à la mort. C'est alors qu'une petite forme rouge et lumineuse s'échappa du corps de l'humain. L'âme de son ami. Asriel tendit maladroitement ses mains autour de la chaleureuse lumière avant de resserrer ses doigts d'enfant sur le petit cœur rougeoyant qui représentait son frère à présent décédé. Une vive lumière, aveuglante. Puis ténèbres et obscurité.

     

    <<Ne t'inquiète pas Asriel. Je m'occupe de tout.>> Entendit le petit chevreau.

     

    <<Hein ? Chara ? Qu'est-ce qui se passe ? C'était pas dans le plan ça !>>

     

    <<Tu sais aussi bien que moi que tu n'en seras pas capable. Je vais me salir les mains. Pour toi. Pour eux. Pour nous.>>

     

    <<N... Non ! Je refuse ! C'est de la folie.>>

     

    Malheureusement pour lui, Chara était bien plus fort et nettement plus déterminé qu'il ne le serait jamais. Il laissa donc son meilleur ami prendre les commandes. La créature prit le corps de l'enfant dans ses bras avant de se rendre jusqu'à la barrière, la traversant sans aucun soucis. Il s'achemina en direction de son village natal. Chara avait finalement décidé d'expliquer pourquoi il avait escaladé le Mont Ebott ; il voulait disparaître. Ne plus exister. MOURIR... Mais un certain prince portant le nom d'Asriel Dreemurr lui était venu en aide. Il avait été SAUVÉ par celui qui deviendrait sa famille. Chara aimait les monstres et haïssait l'humanité. Tous ce qu'il désirait c'était de permettre à ceux qu'il aimait de vivre une belle vie sous le soleil, les étoiles, les nuages et la lune. Arrivé à destination, la chose ne tint pas compte des villageois dont chaque visage portait le masque de la terreur et du dégoût. Il devait le faire. Il le savait. Six âmes humaines, il n'en fallait que six pour libérer son peuple. Quelques hommes et femmes s'approchèrent de la créature qui se braqua soudainement, protégeant le cadavre de l'humain et encaissant les coups de poings, les fourches et toute autre arme qui puisse exister.

     

    <<ASRIEL ! Qu'est-ce que tu fais ?>>

     

    <<Je ne peux pas te laisser faire ça. Je sais que tu veux profiter de cette occasion pour te venger.>>

     

    <<Arrête de faire l'idiot ! Je ne veux que ce qui est juste.>>

     

    <<Je ne te crois pas. Tu n'es pas un héros ! Alors ne te prends pas pour un soldat de la Garde Royale.>>

     

    <<ON VA MOURIR SI TU CONTINUES, ESPÈCE DE CRÉTIN !>>

     

    Une douleur lancinante. Ils la ressentaient tous les deux ; atroce et insupportable. Malgré cette brûlante souffrance, Asriel ayant retrouvé le contrôle de son corps s'enfuit tout en serrant son ami contre lui. Le temps n'était plus aux disputes. Ils étaient bien trop affaiblis pour continuer de se chamailler. Le jeune prince revint dans l'Outremonde avant de se rendre dans l'enceinte de la salle du trône là où se trouvaient Toriel et Asgore. Ils furent épouvantés en voyant le sinistre spectacle qui s'offrait à eux. Tombant à genoux, le chevreau posait silencieusement le corps sans vie de Chara avant de se désagréger en une brume de poussière. L'âme fusionnée des deux jeunes princes flottait là où se trouvait auparavant le corps de la créature mais seulement un court instant avant de se craqueler et de finalement se briser en morceaux, s'éparpillant dans l'immense pièce avec les restes d'Asriel. Deux frères, deux enfants... deux princes étaient morts ce jour-là.


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